L'Art et la Manière dedéguster un Puro
Le plaisir qu’aura l’amateur en dégustant son cigare repose engrande partie dans les “ mains ” des torcedors. Pas bien roulé,pas assez rempli, il brûlera trop vite, en dégageant une fuméetrop chaude. Dans le cas contraire, une tripe trop compacte, il sera impossibleà fumer.
L’approche du cigare
La dégustation commence avec les doigts qui caressent la capepour palper la finesse de son grain, sa souplesse et sa bonne tension.De son côté, l’œil va regarder sa brillance ou sa matité,son grain visible ou fondu et ses nervures plus ou moins noyées.
Puis les doigts vont apprécier la densité, la compacitéet la souplesse de la vitole. Toutes ces informations apportent ce quesera l’allure de la combustion (un cigare sec aura tendance à éclatersous le doigt et sera irritant ; inversement un cigare trop humide seramou et son excès d’humidité donne une fumée irritantequi empâte la bouche).
Ensuite le nez flaire l’extrémité du pied et tout le longde la cape les senteurs du tabac
L’art de la coupe
Avant de savourer un puro, il faut respecter quelques gestes élémentaires.
Ainsi, couper la tête d’un cigare est une étape primordialepour la suite. Une mauvaise incision gêne la circulation de la fuméeou endommage la cape, cette feuille essentielle qui contient le corps ducigare.
- Les dents :
Ce geste requiert un certain savoir-faire. Il reste par conséquentl’apanage de vieux fumeurs qui connaissent leur cigare sur le bout desdoigts.
- La guillotine :
Il existe plusieurs manières de couper un cigare. La plus classiquereste la guillotine. Elle reprend le procédé de la tristementcélèbre machine inventée par le docteur Guillotin.La tête du cigare prend place dans la lunette, une pression du pouceabaisse la lame et le tour est joué.
L’efficacité n’est absolument pas proportionnelle au prix decet instrument qui oscille entre 6E et plusieurs centaines d’Euros lorsqu’ilest fabriqué dans un métal précieux. Mais dans tousles cas, la coupe doit être nette et franche.
- Les ciseaux :
Plus élégants que la guillotine beaucoup les préfère,mais demande un coup de main (rotation du poignet)
- L’emporte-pièce :
Cet appareil creuse un cratère au sommet du cigare. Ce procédéaurait l’avantage de retenir les goudrons, surtout en fin de fumage. Pourtant,mal maîtrisé, l’emporte-pièce peut aussi creuser untrou trop profond, ce qui provoque une combustion trop rapide et trop chaudedu tabac.
La mise en bouche
Une fois la vitole ouverte à la tête et mis en bouche,on va la fumer “ à cru ” (fumar crudo).
L’allumage
L’allumage est aussi important. Les écoles diffèrent :il y a les intégristes de l’allumette et les tenants du briquet.Ensuite, tout est question de technique.
Il y a 2 gestes à ne pas rater : maintenir la flamme en contactdirect avec le cigare tenu à l’horizontale, puis le faire tournerdoucement et régulièrement jusqu’à ce que le piedsoit uniformément incandescent.
Ensuite le porter à la bouche et aspirer lentement et veillezune fois de plus au pied qui doit se consumer de manière uniformesans que la libération des arômes se trouve en péril.
- Allumettes ou briquet :
Pour les inconditionnels de l’allumette, il ne faut pas hésiterà les coupler pour bien allumer une vitole.
Les briquets à gaz doivent avoir une flamme régulière.
Les chalumeaux sont très efficaces, surtout à l’extérieur.Mais leur puissance peut agresser la tripe et risque de griller légèrementles arômes si l’on ne prend pas la précaution de tenir lepied du cigare à 2 cm de la flamme “ dure ” du chalumeau.
La feuille de cèdre donne une flamme généreuse,mais part en flammèches aux points de chute incontrôlable.
N’allumez jamais votre cigare à la flamme d’une bougieou avec un briquet à essence. Cette flamme possède sa propreodeur qui se fixera sur le cigare et altèrera les arômes.Pour les mêmes raisons, n’allumez pas votre puro à la braiseincandescente cueillie dans votre cheminée, de plus vous risquezd’abîmer le pied de votre vitole.
Les premières bouffées
Le désir a ses revers et le plaisir ses paradoxes : l’allumagedonne toujours des sensations très heurtées. Au démarragele cigare froid provoque d’importantes condensations de vapeurs d’eau etd’éléments lourds de la fumée sur les feuilles traversées.La fumée arrive en bouche, allégé de ces composantsmais non des composés gazeux dont certains provoquent des sensationsde cuisant, de piquant ou d’âcreté.
Le régime de combustion
La combustion ne sera régulière et la fumée aurasa pleine richesse qu’après 5 à 6 bouffées.
Lors des premières bouffées, la condensation de la vapeurd’eau chauffe rapidement le corps du cigare. Ainsi elle s’atténuepuis cesse, et les irritations vont décroître puis disparaîtrecomplètement, pour laisser place à la fabuleuse palette defragrances.
La première sensation apportée par le cigare est cellede “ l’intensité olfactive ”, que l’on désigne sous le termede ‘corps’ (on dit qu’un cigare est fort ou léger, corpulent, rassasiantou court, creux).
Puis, il y a la “ richesse olfactive ”, c’est-à-dire la variétéet la qualité des arômes (riche, généreux).Elle permet d’apprécier la complexité du puros.
Très rapidement les volutes se chargent d’arômes et lafumée développe sa pleine olfaction et l’on parle de “ persistance”.
Il y a aussi “ l’équilibre ” qui est la qualité suprêmed’un cigare qui trouve sa perfection dans l’harmonie complète deses constituants (rond, onctueux, velouté, inversement il est heurté,lourd, déséquilibré).
L’allure de la combustion dépend très largement du diamètredu cigare.
Le cigare doit être convenablement humidifié pour garantirsa meilleure dégustation possible. En effet l’humidité provoqueun abaissement de la température de combustion qui favorise la présencedans la fumées d’une partie importante de substances arômatiques,mais trop d’humidité apporte une sensation de cuisant ou d’âcreté
La dégustation d’un cigare peut être comparé àla dégustation d’un vin : ce doit être un plaisir olfactifet un bien-être.
Le cigare ne s’écrase pas dans un cendrier, il faut le laissers’éteindre de sa belle mort.
Doit-on rallumer un cigare?
Rien de plus normal que votre cigare s’éteigne ; le torcedorl’a équilibré en ajoutant, içi et là, quelquesfragments de feuilles qui, si vous ne tirez pas dessus.
Ou bien vous ne le désirez plus, dans ce cas, il vous attendrajusqu’au lendemain.
Avant de le rallumer, retirez les cendres et souffler dans votre cigarepour enlever les fumées résiduelles, puis allumez le. pourcette opération, le chalumeau est d'une grande utilité caril perl-met un allumage rapide.
Retirer la bague ?
C’est un chois personnel, mais si vous désirez la retirer, veillezà ne pas déchirer la cape. En effet au collage de la bague,il n’est pas rare que la colle touche à la cape.
Attention aux idées reçues !
Il est déconseillé de planter une allumette dans un cigareafin de créer un conduit pour la circulation de la fumée.Le seul résultat obtenu est de détruire le subtil équilibrede la tripe !
Il n’est vraiment pas indispensable de réchauffer le cigare surtoute sa longueur contrairement aux cigares anciens recouverts d’une gommespéciale parfois désagréable au fumage, les capesd’aujourd’hui sont scellées avec une colle inodore.
o APPARENCE Permet d’analyser l’aspect du cigare, sa construction,la qualité et la couleur de la cape.
- visuelle : aspect de la cape (grain lisse, nervuré),sa couleur.
- tactile : compacité du cigare (dur, moelleux).
o ARÔMES " A CRU " Premier registre des senteurs du tabacet tirage à froid.
o ARÔMES DES TROIS TIERS goût en bouche, parfumdes fumées.
A l’allumage on détecte les éléments agressifs,voir irritants :
- le piquant (bout de langue)
- le râpeux ou empâtant (langue)
- le cuisant (aux joues)
- l’âcreté (gorge).
Trois facteurs influences les arômes gustatifs et olfactifs :
- la température du cigare. Quand il est froid la fuméese condense fortement et en bouche elle a souvent un goût heurtéet irritant.
- le diamètre de la vitole. Plus le diamètre estgrand, les qualités aromatiques du tabac sont favorisées.
- la longueur du cigare. Long, il paraîtra moins corpulent.
o COMBUSTION Son allure, suivant la forme du bout en combustion(plate, en cône, en cratère).
o VENTILATION Son évolution (difficile, aisée).
Ces deux derniers critères renseignent sur la qualitédes feuilles de tripe et de leurs assemblage, le degré d’humidificationde la vitole, du bon enroulement de sa sous-cape et de sa cape.
richesse : palette des arômes, | court = développe une persistance aromatiqueinsuffisante, |
DISCRET | herbacé mat plat | éphémère poussiéreux | inexistant lointain monocorde | mou sensible tendre |
GÉNÉREUX | arômatique boisé capiteux corsé doux épicé exotique fruité lourd mûr onctueux poivré sucré | animal boisé cacao cuir jeune cuir tanné épanoui fleuri rond séduisant souple sous-bois subtil vert | atténué complice frais généreux nerveux nourrissant plein prometteur réconfortant riche | gras mat moelleux sec souple soyeux |
PRONONCE | brûlant chaud piquant tannique | frustre imprégnant piquant pointu terreux | bourru doucereux enivrant étouffant percutant | épais poisseux rugueux serré |